En bonne voie !

3 juin 2022
En bonne voie !
Les stades phénologiques de la vigne défilent, la floraison, puis la fécondation laissent place à la nouaison, et le vigneron rêve déjà de la vendange 2022 !
Le compte à rebours est lancé, dans moins de 100 jours maintenant, le raisin il faudra récolter…
Petite explication technique sur la naissance de cette future grappe :
C’est généralement dans la deuxième quinzaine de juin qu’intervient en Champagne la floraison, qui se termine par la fécondation. La fleur des cépages champenois, aux fines étamines blanches, répand une agréable odeur, légèrement entêtante, qui rappelle le parfum du seringa. Curieusement, la période de son épanouissement coïncide très exactement avec celle de la floraison des lys des jardins. Hermaphrodite, elle est constituée de cinq étamines à pollen et d’un pistil avec un ovaire à deux ovules, réunis sous la même corolle faite de cinq ou six pétales jointifs soudés au sommet et formant un capuchon, l’ensemble constituant le bouton de l’inflorescence. Lors de la floraison, le capuchon se détache à sa base ; il se dessèche tout en brunissant et il est rejeté par les étamines qui se redressent et dont le pollen vient féconder l’ovaire. Il arrive cependant que des étamines se tournent vers l’extérieur et fécondent une autre fleur, proche ou lointaine. D’où, dans ce cas, une fécondation croisée, qui peut d’ailleurs être aussi le fait des insectes.
Pour que la fécondation se déroule bien, il faut du soleil, et des températures de l’ordre de 20 à 25°. Le vent, s’il est léger, peut aider au transport du pollen ; mais s’il est trop fort, il l’emporte au loin. Les pluies sont néfastes, elles lavent la fleur et entraînent une partie du pollen. Lorsque toutes les conditions favorables sont réunies, pour une vigne en bon état sanitaire la fécondation se fait en quatre ou cinq jours et c’est le meilleur gage de la réussite. Dans le cas contraire, la floraison s’éternise, pouvant s’étendre sur une vingtaine de jours, et le résultat est toujours néfaste. On constate, en effet, que la fécondation est alors incomplète parce que la corolle ne s’est pas détachée et que la vigne fleurit sous le capuchon. S’il n’y a pas eu fécondation, c’est la coulure, qui affecte une partie plus ou moins considérable de la grappe et diminue le nombre des raisins. Si l’ovaire a été mal fécondé, le développement du fruit s’arrête prématurément, et c’est le millerandage, avec des grappes présentant certains grains atrophiés, parfois en grand nombre. Coulure et millerandage peuvent être liés à divers accidents de la végétation, mais les circonstances atmosphériques restent prépondérantes.
On conçoit que le temps de la fécondation est une période critique pendant laquelle il est important de ne pas déranger la vigne, d’éviter notamment les travaux de palissage qui changent l’exposition des inflorescences et les exposent aux intempéries.
La nouaison, étroitement liée à la fécondation, est la transformation de l’ovaire en un grain de raisin dont on dit qu’il est noué. Les grains, dans un premier temps, restent verts et portent en Champagne le nom de verjus. Comme la feuille, ils renferment de la chlorophylle, assimilent et respirent. Leur volume et leur poids augmentent rapidement et ils atteignent la taille d’un petit pois. Ils deviennent jointifs, c’est ce que l’on appelle la fermeture de la grappe. Tandis que les ovules deviennent des pépins et se développent, les grains restent ensuite stationnaires, jusqu’à la véraison, appelée en Champagne l’abled (ou ablais), qui marque le début de la coloration du raisin, d’un nouveau grossissement et de sa maturation, ce qui se produit cinq à six semaines avant les vendanges, généralement au cours du mois d’août. Les sucres (glucose et lévulose) augmentent et l’acidité diminue. Avec plus ou moins d’ensemble et de rapidité, selon les années, les fruits des cépages noirs prennent une teinte rouge, puis noir violacé, tandis que ceux du Chardonnay deviennent translucides, avant de virer au jaune.
Peu après que la véraison a débuté, et tandis qu’elle se poursuit, se produit la maturation proprement dite, qui termine la phase active du cycle reproducteur. Les raisins recommencent à grossir. S’ils deviennent trop serrés, certains d’entre eux sont rejetés hors de la grappe, phénomène connu sous le nom de cochonnage. La couleur s’affirme, la proportion de sucre continue à croître et celle d’acide à décroître. Le raisin sera réussi si la chaleur est au rendez-vous car, comme l’affirme le dicton, août fait le goût. Si les vendanges sont tardives, c’est à septembre que peut échoir cette mission, qui est menée à bien si le mois est très beau ; dans tous les cas, il lui incombe de parfaire la maturation jusqu’à la maturité du fruit qui consacre l’équilibre définitif entre les sucres et les acides. Lorsqu’il est atteint, et que la richesse du raisin en sucre devient stationnaire, le raisin est mûr, la maturation est terminée.
Certaines années, on trouve dans le vignoble, à la fin de l’été, de nombreuses petites grappes de deuxième génération, les bouvreux. À la partie supérieure des ceps et principalement en bout de rangée,